Les fermiers des ex-propriétés du colonel Claude Marie de Pelly
Après le décès du colonel survenu le 1er octobre 1869, en vertu de son dernier testament du 31 octobre 1866, la totalité de ses biens passe à Alix Collomb (usufruitière) veuve de François Bastian et à son fils mineur Édouard (11 ans, nu-propriétaire).
Assez vite on constate des changements dans la tenue des différentes fermes.
La famille Gruffaz
La famille Gruffaz vient à Desingy avant mai 1870.
À l’évidence le château délaissé par le colonel n’était plus occupé par ses propriétaires, Alix et ses enfants partageant leur temps entre Annecy (5, rue royale) et Vanzy (Château de la Fléchère). La famille Gruffaz aura peut-être été recrutée pour ne pas laisser les bâtiments vides.
Jean Gruffaz, originaire de Savigny a 33 ans, et son épouse Joséphine Fol, également de Savigny 29 ans. Ils se sont mariés à Savigny le 11 mars 1862 et lorsqu’ils arrivent pour tenir la ferme de Pelly ils ont déjà 4 enfants : deux filles de 7 et 4 ans, et deux garçons de 6 et 2 ans. Le 10 mai 1870 naît un garçon de plus, il sera suivi encore de 4 autres naissances, un garçon et trois filles.
Au recensement de 1886, toute cette famille apparaît comme clairement domiciliée au château de Pelly, probablement dans les dépendances situées à droite de l’entrée.
En sus, de la famille proprement dite on note également la présence de la fille aînée Eugénie, qui se trouve là avec ses deux enfants. La raison en est simple, c’est que son jeune mari, Jean Vanel, 23 ans, rencontré et épousé à Desingy lorsqu’il avait comme elle 20 ans, a tiré un mauvais numéro et se trouve donc au service militaire à Chambéry où il restera de décembre 1884 à septembre 1888. C’est donc un ménage de 13 personnes qui tient la ferme car il faut prendre en compte un certain François Fumaz, 30 ans domestique.
À noter que le fils aîné des Gruffaz, Eugène François n’est pas présent car il est parti comme militaire à Lyon le 5 décembre 1885 et ne reviendra que le 29 septembre 1889.
Au recensement suivant, celui de 1891, ce sont toujours les Gruffaz qui tiennent de Pelly. Si les deux filles aînées ne sont plus là (mariées toutes les deux) ainsi qu’un fils de 21 ans sans doute aux armées, le fils aîné est revenu de l'armée et travaille avec son père. La famille a une bonne force de travail, avec notamment le père de 54 ans, deux garçons de 27 et 23 ans, et deux filles de 16 et 14 ans. Le domestique est parti mais il a été remplacé par un jeune de 17 ans : Joseph Peroine.
Cinq ans plus tard, grand changement : les Gruffaz ne sont plus à de Pelly mais ils sont recensés comme cultivateurs (et non fermiers) à Moucherin. Je fais ici l’hypothèse, qu’il faudra vérifier, qu’ils auraient racheté la ferme de Moucherin aux successeurs du colonel. Même si l’équipe est plus réduite, outre les parents il reste trois garçons de 32, 28 et 16 ans et deux filles de 21 et 18 ans. Ils font souche à Desingy où on les retrouve en 1901. Les vieux parents cohabitent alors avec leurs deux fils François et Gaspard, tous les deux mariés, le premier en 1898 avec Marguerite Gallice de Menthonnex-sous-Clermont et le second avec Joséphine Veyrier.
Les filles de la maison, sans doute mariées elles aussi, ne sont plus là. La relève est assurée, il y a déjà un petit-fils de deux ans : Pétrus.
En attendant qu’il grandisse on a pris un commis : Louis Gros, 15 ans.
Le père Jean Gruffaz va mourir le 18 mai 1905 et son épouse lui survivra jusqu’au 16 février 1913. Au recensement de 1911, on voit que les deux frères Gaspard et François ont des foyers séparés, mais toujours à Moucherin, avec respectivement 5 et 3 enfants, tous nés entre 1899 et 1909 : l’avenir apparaît assuré !
Ce qui paraît remarquable dans cette famille c’est que tous les nombreux enfants ont survécu alors qu’à l’époque il était courant de perdre une partie de ses enfants.
On trouvera dans le tableau ci-après la liste des membres de la famille, avec des détails lorsqu’ils sont connus. Ceux qui sont restés à Desingy figurent en gras dans le tableau.
Nom |
Prénom |
Date et lieu de naissance |
Date de décès |
Mariage |
Conjoint |
Commentaire |
Gruffaz |
Jean |
Desingy 18/5/1905 |
Savigny 11/3/1862 |
Josephte Fol |
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Fol |
Josephte |
Desingy 16/2/1913 |
Savigny 11/3/1862 |
Jean Gruffaz |
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Gruffaz |
Eugénie |
Savigny 1/04/1863 |
Desingy 23/1/1883 |
Jean Vanel (Desingy 7/7/1863) |
Au moins deux enfants nés à Desingy. |
|
Gruffaz |
Eugène, François |
Savigny 24/06/1864 |
Menthonnex 25/2/1898 |
Marguerite Gallice (Menthonnex 1876) |
Militaire de 1885 à 1889 |
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Gruffaz |
Marie |
Savigny 24/1/1866 |
Desingy 4/2/1888 |
Jules Jacquemier (Seyssel 6/11/1857) |
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Gruffaz |
Gaspard |
Savigny 24/4/1868 |
Joséphine Veyrier |
|||
Gruffaz |
Jean |
Desingy 10/5/1870 |
Desingy 2/7/1898 |
Françoise Songeon (Menthonnex 14/12/1877) |
Fruitier à Charly en 1904 Père de 6 enfants en 1914, exempté |
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Gruffaz |
Joséphine |
28/9/1873 |
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Gruffaz |
Louise |
Desingy 5/10/1875 |
||||
Gruffaz |
Antoinette |
Desingy 5/8/1877 |
Avant 1899 |
Guillaume Gallice (Menthonnex 1872) |
6 enfants nés de 1899 à 1910 |
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Gruffaz |
Joseph |
Desingy 23/3/1879 |
Amancy 26/2/1921 |
Pers Jussy 30/4/1904 |
Lauria Naville |
Gazé à la grande guerre |
La famille Mugnier
Cette famille prend la suite de la famille Gruffaz à Pelly.
Le père, Joseph, est originaire de Thusy où il est né vers 1841. Son épouse, Joséphine Dérobert, de 15 ans sa cadette, est née en 1856 à Menthonnex-sous-Clermont.
En 1896, au recensement ils ont eux aussi une belle famille de 9 enfants dont 7 garçons. Les trois aînés sont nés à Mionnaz, un hameau de Menthonnex. Le dernier enfant est né à Lornay en 1893 alors que les trois qui le précèdent sont nés à Vaulx. On peut donc reconstituer un peu le parcours de la famille qui aurait quitté Mionnaz pour Vaulx entre 1880 et 1887. Ils seraient ensuite partis de Vaulx pour Lornay vers 1891-1892 avant d’arriver à de Pelly.
En 1901 ce sont toujours les Mugnier qui tiennent de Pelly, le père âgé de 59 ans peut compter sur quatre fils de 24, 21, 19 et 14 ans. Il a aussi un commis de 60 ans : Joseph Dufau. L’aînée des filles (Annette 16 ans) a déjà quitté le foyer. Le père meurt le 26 mai 1905 et au recensement de 1906 c’est sa veuve qui est réputée chef de famille et qui tient toujours la ferme de Pelly.
Mais en 1911, au recensement suivant, il n’y a plus aucune trace de la famille Mugnier à Pelly et il est bien difficile de savoir qui a repris la ferme. Peut-être a-t-elle été reprise par des fermiers qui n’habitaient pas à Pelly ou peut-être a-t-elle été vendue ?
Dans le tableau ci-dessous on trouvera le détail de cette grande famille
Nom |
Prénom |
Date et lieu de naissance |
Date de décès |
Mariage |
Conjoint |
Commentaire |
Mugnier |
Joseph |
Thusy vers 1841 |
Desingy 26/6/1905 |
Joséphine Dérobert |
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Dérobert |
Joséphine |
Menthonnex 1856 |
Joseph Mugnier |
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Mugnier |
François |
Menthonnex 2/11/1877 |
26/4/1930 Usinens |
Cultivateur à Tanay |
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Mugnier |
Alexis |
Menthonnex 1880 |
7/10/1938 Usinens |
9/2/1907 Clermont |
Sophie Mugnier 1883-1929 |
Cultivateur |
Mugnier |
Auguste |
Menthonnex 30/9/1880 |
27/12/1970 Usinens |
Cultivateur |
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Mugnier |
Jean Claude |
15/3/1882 |
5/3/1924 Paris |
1/8/1908 Paris |
Marguerite Vallier |
Déménageur à Paris |
Mugnier |
Annette |
Vers 1885 |
Avant 26/5/1905 |
Ambroise Boussion, douanier né en Ariège vers 1872-1933 |
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Mugnier |
Lucien |
Vaulx 10/9/1887 |
Chambéry 18/8/1921 |
Julie Rebotton |
Cultivateur puis douanier |
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Mugnier |
Félicie |
19/3/1889 |
Desingy 21/4/1914 |
Édouard Mugnier né en 1885 St André val de Fier |
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Mugnier |
Louis, Philippe |
Vaulx 27/1/1891 |
12/2/1913 Albertville |
|||
Mugnier |
Justin |
Lornay 20/5/1893 |
Tué le 16/4/1917 |
La famille Lamaison
Cette famille est originaire de Charrière d’en bas, un hameau de Thusy. Elle tient la ferme de Vallod dès 1856 et peut-être même un peu avant.
François Lamaison, né en 1829 à Thusy, épouse le 1er avril 1856 une Louise Chatenoud de Desingy. Ils auront sept enfants, tous nés à Vallod et seules les cinq filles survivront. François travaille avec un de ses frères Nicolas (1834 Thusy - 1874 Vallod), alors qu’un autre frère, Louis né à Thusy en 1837, est employé dans une pharmacie, probablement à Seyssel.
La mère de François, Louis et Nicolas, Henriette Goddet (1796 Menthonnex -1865) vit avec eux à Vallod où elle décède le 17 février 1865 alors qu’elle est déjà veuve de Jacques Lamaison. En 1874, alors qu’Alix Collomb/Bastian a succédé au colonel de Pelly, un conflit surgit entre elle et ses fermiers. Il leur est reproché de ne pas respecter leurs engagements.
La famille D’Honneur
Gaspard D’Honneur est fermier à Pelly en 1861. Il est condamné le 7 août 1861, par le tribunal de Saint Julien, à verser 2 781 francs au colonel De Pelly. Il existe une incertitude sur cette affaire. La première hypothèse est que D’Honneur n’aurait pas payé son fermage (Il avait été recruté par Colomban-Félix le frère du colonel, connu pour son côté philanthrope). La seconde hypothèse serait que D’Honneur a payé Colomban mais que celui-ci n’a rien versé à son frère. (À développer).
La famille Cornachon
Joseph Cornachon est fermier à Moucherin en 1861. Il est condamné le 24 juillet 1861 par le tribunal de Saint Julien à verser 1 400 francs au colonel De Pelly. Il existe une incertitude sur cette affaire. La première hypothèse est que Cornachon n’aurait pas payé son fermage (Il a été recruté par Colomban-Félix le frère du colonel, connu pour son côté philanthrope). La seconde hypothèse serait qu’il a payé Colomban mais que celui-ci n’a rien versé à son frère.
Il s’agit très probablement de Joseph Cornachon né le 12 février 1820 à Chilly et qui a épousé à Desingy le 13 avril 1847 Marie Duvillard (17 ans). Ils seront parents de neuf enfants. En 1862, ils habitent toujours à Pelly sans que l’on puisse affirmer s’ils sont au service du colonel. Joseph Cornachon meurt à Desingy le 19 mars 1879. Sa veuve part dans la région de Lyon (Collonges-au-Mont-d’Or) où elle se remarie en 1888 avec un certain Duplat. Veuve une seconde fois, elle assistera au mariage de plusieurs de ses filles qui se marieront aussi à Collonges-au-Mont-d’Or.
Nom |
Prénom |
Date et lieu de naissance |
Date de décès |
Mariage |
Conjoint |
Commentaire |
Cornachon |
Joseph |
Chilly 12/02/1820 |
Desingy 19/09/1879 |
Desingy 13/04/1847 |
Marie Duvillard |
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Duvillard |
Marie |
Desingy 01/11/1830 |
Desingy 13/04/1847 |
Joseph Cornachon |
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Cornachon |
Jeanne |
Desingy 21/09/1850 |
Caluire 14/06/1873 |
Antoine Hilaire |
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Cornachon |
Pierre |
Desingy 25/03/1853 |
Bellevue (suisse) 18/02/1876 |
Françoise Lecraz |
Jardinier |
|
Cornachon |
Jeannette |
Desingy 18/04/1858 |
Collonges au Mt d’Or 14/11/1885 |
Joannès Montbarbon |
||
Cornachon |
Françoise Eugénie |
Desingy 07/08/1860 |
Lyon 69006 27/10/1894 |
Louis Dariaux |
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Cornachon |
Félicie |
Desingy 09/10/1862 |
Collonges au Mt d’Or 15/07/1893 |
Jean François Caillot |
Domestique |
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Cornachon |
Julie |
Desingy De Pelly 29/01/1865 |
Lyon 69004 6/03/1907 |
Collonges au Mt d’Or 02/05/1891 |
Eugène Barbet |
|
Cornachon |
Antoinette |
Desingy De Pelly 31/03/1867 |
Frangy 26/01/1885 |
Célibataire |
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Cornachon |
Marie-Anne |
Desingy 06/01/1870 |
Lyon 69004 23/02/1950 |
Collonges au Mt d’Or 07/06/1897 |
Jean Pierre Nové 1866-1916 Boulanger |
Brodeuse |
Cornachon |
Joanny |
Desingy 16/08/1874 |
Lyon 69002 26/07/1902 |
La famille Bulloz ou Bulloud
Louis Bulloud (1814-1861) est né à Pelly (Desingy). Il est le fils de Pierre et de Martine Gailliard. Sa femme, Jeanne Marie Forrat (1812-1888), est originaire de Corbonod (aujourd’hui Seyssel, Ain). Tous deux tiennent le moulin de Vencières. Au décès de Louis en décembre 1861 c’est son fils Michel qui a 20 ans qui lui succède. Lorsqu’il se marie le 15 avril 1874 à Desingy avec Annette Mollard, il n’est plus meunier mais cultivateur.
En 1886 on ne trouve plus aucun Bulloud à Vencières ni d’ailleurs aucun meunier. Il est très probable que, comme beaucoup d’autres, le moulin ait cessé son activité vers 1870. À cette date les Bulloud sont cultivateurs à Moucherin, ils n’ont pas d’enfants mais la mère Marie Foraz (ou Forrat) vit encore avec eux.
En 1891, le couple Bulloud vit à Pelly avec une jeune domestique et un nourrisson pris en pension.
À noter que Vencières était une propriété très ancienne des De Pelly, puisque les droits sur Vencières ont été octroyés aux De Pelly en 1378 par Mathilde de Bourgogne et Pierre comte de Genève. Ces droits ont été confirmés en 1614 puis affirmés à nouveau en 1774 par le père du colonel de Pelly.
Les propriétés de Pelly ont, semble-t-il, toujours été contestées par la famille De Vars de Menthonnex-sous-Clermont.
Ce site a été réalisé par Jean Louis Sartre, transcripteur des carnets du colonel de Pelly.
515, route des Fruitières, 74160 Beaumont